Introduction
Entreprendre en Algérie est une aventure pleine de défis et d’opportunités. Cependant, certaines erreurs peuvent ralentir la progression et impacter la viabilité d’une entreprise. Il est normal de faire des erreurs, mais les connaître en amont permet de les anticiper et de les minimiser.
Dans cet article, nous passons en revue les erreurs les plus courantes des entrepreneurs en Algérie et proposons des solutions concrètes pour les éviter.
Erreur 1 : Négliger l’environnement administratif et juridique
Créer une entreprise en Algérie est aujourd’hui plus simple grâce à la digitalisation et à la simplification des démarches administratives. Mais cela ne signifie pas qu’il faut négliger l’aspect juridique et fiscal, car c’est l’un des pièges les plus fréquents qui peut coûter cher à un entrepreneur.
Dès la création du registre de commerce, le choix du code d’activité est une étape clé. Il ne s’agit pas seulement de choisir ce qui correspond à l’activité du moment, mais aussi d’anticiper les évolutions futures. Un mauvais choix peut entraîner des contraintes administratives et des modifications coûteuses plus tard.
Prenez le temps de consulter les codes disponibles sur le site du CNRC et vérifiez les obligations qui en découlent.
Une autre erreur courante est de penser que l’administration va vous rappeler vos obligations. Ce n’est pas le cas. Un entrepreneur peut fonctionner plusieurs mois, voire des années, sans être inquiété… jusqu’au jour où un contrôle révèle qu’une formalité obligatoire n’a pas été respectée.
Vous ne pouvez pas dire que vous ne saviez pas. Une simple omission peut se transformer en redressement fiscal ou en amendes évitables.
Solution :
- Se renseigner auprès du CNRC, des impôts et de la CNAS dès le début.
- Se faire accompagner par un expert-comptable qui connaît les spécificités de votre secteur.
- Échanger avec d’autres entrepreneurs qui ont déjà traversé ces étapes, car certaines formalités varient selon les activités.
Erreur 2 : Sous-estimer l’importance du réseau et de la visibilité
Le réseau ne sert pas uniquement à trouver des opportunités d’affaires. Il joue un rôle bien plus large, en particulier au démarrage d’un projet. Avoir les bonnes informations dès le départ permet de faire les bons choix, d’anticiper les difficultés et d’éviter des erreurs que d’autres ont déjà commises.
« Un entrepreneur isolé avance dans l’inconnu. Un entrepreneur bien entouré évite des erreurs et progresse plus vite. »
Utilisez Internet intelligemment :
- Développez votre présence en ligne avec un site web professionnel.
- Soyez actif sur les réseaux sociaux, notamment LinkedIn, pour partager votre expertise et vos projets.
- Travaillez votre référencement (SEO) pour être trouvé facilement par ceux qui recherchent vos services.
- Participez à des événements, salons et conférences pour renforcer votre crédibilité et élargir votre audience.
Chez IKOSIM TECH HUB, nous avons bien compris cet enjeu. C’est pourquoi nous organisons des coworking, des événements thématiques et des rencontres dédiées à différents secteurs. Ces espaces sont parfaits pour poser des questions, créer des contacts et élargir son réseau.
« On entreprend souvent seul, mais on ne réussit jamais sans les autres. »
Solution :
- Intégrer des réseaux professionnels et participer aux événements du secteur
- Échanger avec des entrepreneurs qui partagent les mêmes défis
- S’appuyer sur des espaces comme IKOSIM TECH HUB pour rencontrer des experts et poser ses questions
Erreur 3 : Manquer de flexibilité
C’est probablement l’erreur la plus grande qu’un entrepreneur peut commettre en Algérie. Votre état d’esprit doit être ouvert.
Que vous arriviez de l’étranger ou que vous soyez natif d’Algérie, il y a de fortes chances que vous ayez des idées reçues sur l’environnement entrepreneurial. Ces idées viennent souvent d’expériences partagées, qu’elles soient positives ou négatives. Mais chaque parcours est différent.
« L’environnement en Algérie est en constante évolution. Une loi, une formalité, une opportunité peuvent changer du jour au lendemain. Ceux qui réussissent sont ceux qui s’adaptent. »
Il faut accepter de voir la réalité du terrain telle qu’elle est et non pas telle qu’on l’imagine ou telle qu’on l’a entendue. Ne vous laissez pas influencer par des expériences passées ou des récits généralisés qui peuvent vous éloigner des vraies opportunités.
Certains entrepreneurs abandonnent avant même d’avoir essayé, convaincus par le discours d’autres personnes ou par des expériences vécues à l’étranger qui ne sont pas transposables en Algérie. D’autres se bloquent eux-mêmes en refusant d’envisager une autre approche que celle qu’ils avaient initialement prévue.
L’entrepreneuriat est une aventure. Chaque défi est une épreuve qui, une fois surmontée, vous rapproche de la réussite. Il y a toujours des solutions. Mais pour les trouver, il faut accepter d’être flexible.
« La rigueur est nécessaire dans la gestion, mais la rigidité dans l’exécution est un frein au succès. »
Cela signifie être prêt à :
- Revoir son business model si nécessaire
- Accepter des procédures administratives imprévues
- Passer du temps sur des aspects qui peuvent sembler insignifiants
- Déléguer certaines tâches pour se concentrer sur ses forces
Le mindset fait toute la différence. Un entrepreneur avec le bon état d’esprit trouvera toujours une solution. Un entrepreneur rigide sera bloqué par chaque obstacle.
Erreur 4 : Mauvaise gestion de la trésorerie
La gestion de trésorerie est l’un des défis majeurs pour les entrepreneurs en Algérie, comme partout ailleurs. Une entreprise ne fait pas faillite par manque de rentabilité, mais par manque de trésorerie.
« Le principal risque pour une entreprise n’est pas de ne pas faire de bénéfices, mais de ne plus avoir de cash pour fonctionner. »
Les clients, qu’ils soient publics ou privés, peuvent payer avec du retard, ce qui peut créer de fortes tensions de trésorerie. Dans certains cas, un impayé peut même mettre en péril l’entreprise. Ces situations sont rares, mais elles existent et il faut s’y préparer.
Les erreurs les plus courantes en trésorerie :
- Ne pas prévoir un fonds de roulement suffisant
- Se laisser emporter par l’euphorie des débuts et trop dépenser
- Ne pas contrôler ses coûts et voir sa marge se réduire progressivement
- Dépendre d’un seul client et se retrouver sans solution en cas de problème
Il est toujours préférable d’avoir plusieurs petits projets plutôt qu’un seul gros client, dans la mesure où on peut les gérer efficacement. Cela permet de répartir les risques et de garantir une certaine stabilité.
« Une entreprise trop dépendante d’un seul client met son avenir entre ses mains. »
Solution :
- Mettre en place une gestion financière rigoureuse : suivre chaque dépense et chaque rentrée d’argent.
- Exiger des avances : les premiers investisseurs d’une entreprise, ce sont ses clients. Une avance permet d’équilibrer la trésorerie et de limiter les risques.
- Déléguer cette partie si possible : un bon gestionnaire financier peut faire toute la différence.
- Toujours anticiper les périodes creuses et éviter d’investir trop rapidement après une période de forte activité.
Une bonne trésorerie, c’est la clé pour sécuriser son activité et pouvoir saisir de nouvelles opportunités sans être pris à la gorge
Erreur 5 : Ignorer les opportunités d’export
Si vous proposez des services digitaux ou que vous produisez des biens manufacturés, ne vous limitez pas au marché algérien.
L’Algérie est un bon terrain pour tester un modèle économique et valider une offre, mais il faut toujours garder une vision plus large. L’export peut être une opportunité stratégique pour assurer une croissance durable.
« L’Algérie est un marché en croissance, mais c’est aussi une plateforme vers l’international. »
Pourquoi penser à l’export ?
- Une situation géographique avantageuse : proximité avec l’Europe, accès au marché africain.
- Des coûts de production compétitifs : salaires, énergie, charges courantes… tout est optimisé pour produire à moindre coût.
- Une demande locale forte : elle permet de consolider une activité avant de viser d’autres marchés.
Certes, le marché local est demandeur et peut suffire à garantir la rentabilité d’une entreprise. Mais se limiter à l’Algérie, c’est aussi s’exposer à une concurrence future. Un acteur étranger plus structuré, avec une expérience internationale, peut venir capter des parts de marché et fragiliser votre position.
« Les entreprises qui réussissent le mieux sont celles qui anticipent la concurrence avant qu’elle ne devienne une menace. »
L’export ne permet pas seulement de diversifier ses revenus. Il oblige aussi à s’améliorer, à répondre à des normes plus strictes et à s’adapter à des clients plus exigeants, ce qui peut être un levier de croissance même pour le marché local.
Solution :
- Identifier des partenaires spécialisés pour faciliter l’export.
- Se renseigner sur les mécanismes d’aide à l’internationalisation.
- Étudier les marchés étrangers pour ajuster son offre et anticiper les opportunités.
L’entrepreneuriat en Algérie ne se limite pas aux frontières nationales. Il faut voir plus loin et se positionner comme un acteur global.
Mon témoignage personnel
Quand je me suis lancé en 2014, j’ai fait des erreurs, comme tout entrepreneur.
J’ai commis des erreurs administratives, des formalités que je n’ai pas accomplies à temps, parfois simplement parce que je n’étais pas au courant de mon obligation de les réaliser. Certaines de ces erreurs, je les ai corrigées de moi-même, d’autres m’ont rattrapé bien plus tard… et elles m’ont coûté cher.
Mais ce ne sont pas seulement les aspects administratifs qui ont été une source de perte. J’ai aussi fait des mauvais choix de fournisseurs, des mauvais choix de prestataires, qui ont impacté mon activité.
« Chaque erreur coûte de l’argent, mais chaque erreur bien comprise est une leçon qui évite d’en perdre encore plus à l’avenir. »
J’ai perdu du temps et de l’argent, mais j’ai surtout gagné une expérience précieuse. Aujourd’hui, je ne reproduis plus ces erreurs. Je partage ces leçons avec mon réseau, je les applique dans d’autres projets et je conseille ceux qui débutent pour leur éviter les mêmes pièges.
« Une erreur sur un petit projet, c’est une leçon pour un grand projet. »
J’ai eu la chance d’arriver en Algérie avec un état d’esprit ouvert et adaptable. J’ai choisi de ne pas écouter les discours négatifs, de ne pas me laisser influencer par les mauvaises expériences des autres, qu’elles soient anciennes ou récentes. Si j’avais écouté tout ce qu’on m’avait dit, je n’aurais jamais entrepris.
J’ai aussi fait des erreurs en gestion de trésorerie. J’ai appris à mettre en place des mécanismes de protection, à anticiper les problèmes financiers et à structurer mes finances pour réduire les risques.
« Vous ferez toujours des erreurs. Même les entrepreneurs les plus expérimentés en font encore. »
La différence entre ceux qui réussissent et ceux qui abandonnent ? L’expérience, le réseau, la résilience et l’acceptation du fait qu’il faut parfois perdre pour mieux gagner.
Conclusion
L’entrepreneuriat est une aventure exigeante, qui demande de l’adaptabilité, de la résilience et une capacité constante à remettre en question ses certitudes.
En Algérie, les défis sont nombreux, mais ils sont aussi la source des plus grandes opportunités. Ceux qui parviennent à surmonter les erreurs classiques – mauvaise gestion administrative, manque de réseau, rigidité, problèmes de trésorerie et absence de vision internationale – se donnent les meilleures chances de réussite.
Loin d’être des obstacles insurmontables, ces erreurs sont des enseignements. Chaque entrepreneur en fait, et c’est normal. L’important, ce n’est pas de les éviter à tout prix, mais de savoir les corriger rapidement pour ne pas mettre en péril son activité.
Ceux qui réussissent sont ceux qui :
- Se forment et s’informent pour éviter les pièges administratifs.
- Construisent un réseau solide pour apprendre des autres et avancer plus vite.
- Sont prêts à pivoter et à s’adapter aux réalités du marché.
- Gèrent intelligemment leur trésorerie pour sécuriser leur activité sur le long terme.
- Ne se limitent pas aux frontières du marché local et cherchent à élargir leur vision vers l’export.
L’Algérie a un potentiel immense. C’est un pays où l’offre est encore inférieure à la demande dans de nombreux secteurs, où les infrastructures s’améliorent rapidement, où les nouvelles générations ont un vrai réflexe digital.
Entreprendre ici, c’est participer à la construction d’un marché en pleine expansion.
Ceux qui sont prêts à relever le défi découvriront une chose essentielle : chaque épreuve surmontée vous rendra plus fort, plus expérimenté et plus légitime dans votre parcours entrepreneurial.
Et si vous souhaitez être accompagné, échanger avec d’autres entrepreneurs et profiter d’un cadre propice au développement de votre activité, IKOSIM TECH HUB est là pour vous aider.
Ne vous arrêtez pas à vos peurs ou aux difficultés du départ. L’important, c’est de se lancer, d’avancer, et de construire son avenir étape par étape.
Yacine Moussadek Kaidi
Co-fondateur IKOSIM TECH HUB
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